Corps au travail

Plonger mes mains dans l’argile, c’est construire et préserver un monde à soi, à l’abri de la frénésie de celui qui nous entoure. C’est un acte animal, charnel où le geste dit paradoxalement l’humain. Il révèle la question du corps et de son impact dans la glaise. La matière souple que j’étire sous mes doigts devient peau, ossature, un univers invisible et souterrain fait de tendons et de muscles. Il est fragile et éphémère, mais je m’y promène comme je marche le long d’un sentier qui sent l’odeur de la tourbe et qui m’enveloppe. Parfois j’y enfonce les parties de mon corps : le contact avec la matière est une façon d’être au monde coûte que coûte.

Valérie Delarue


La Chambre d’argile

Œuvre manifeste et monumentale, créée en 2010 à l’occasion d’une résidence à la Cité de la Céramique de Sèvres. « La Chambre d’argile » (Grès, H : 250 / P : 540 / L : 170 cm) garde les traces de la vidéo performance « Corps au travail ».

Valérie Delarue a construit « La Chambre d’argile » dans un silo de l’atelier du moulin au cœur de la manufacture. Nue, sans filtre, elle venait expérimenter ses recherches sur le travail de la matière, l’impact du corps en mouvement et ses traces dans l’argile.